La théorie des collisions n'a une portée que très limitée du fait qu'il n'y a pas de modélisation du facteur stérique. Il est de surcroît limité au cas des milieux gazeux et ne considère que les chocs binaires entre les molécules. Dans la pratique, il existe plusieurs cas où P2 est beaucoup plus grande que l'unité alors que sa valeur devrait se situer entre 0 et 1. Cela est dû, en partie, au fait que le modèle des sphères rigides utilisé ne tient pas compte des interactions moléculaires de type attraction-répulsion. Par ailleurs, toutes les tentatives de justifier le facteur stérique conduisent à une augmentation des paramètres qui demeurent ajustables à leur tour. Malgré ces faiblesses, la théorie des collisions permet de mettre en évidence les paramètres influant les vitesses des réactions et le sens de ces influences. On y voit, entre autre, le rôle de la concentration et de la température. Par conséquent, si cette approche simpliste permet de construire une certaine vision des phénomènes physiques mis en jeu à l'échelle moléculaire, elle ne peut pas prédire des résultats quantitativement fiables quant à la cinétique des réactions chimiques. Un de ces principaux mérites est d'ailleurs de mettre en évidence les limites de telles approches dont toute utilisation à des fins pratiques dans l'ingénierie des procédés est pour l'instant exclue. Il existe, certes, d'autres approches théoriques, plus sophistiquées comme par exemple celle de la théorie du complexe activé qui s'applique aussi bien aux réactions en solution qu'en phase gazeuse. Pour autant, ces approches ne permettent pas de combler le fossé existant entre les valeurs expérimentales des vitesses réactionnelles et celles prédites par la théorie. C'est la raison pour laquelle, nous ne nous attarderons pas sur la description de ces approches que le lecteur intéressé peut trouver dans les ouvrages du domaine. Pour conclure, la loi de vitesse d'une réaction chimique ne peut être établie qu'à partir de données expérimentales. Toutefois, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, la connaissance de la forme générale des lois de vitesse d'une part, et la loi d'Arrhenius d'autre part, permet d'alléger considérablement la démarche expérimentale à entreprendre.